Réussir à échouer : un défi éducatif de taille !
Y a-t-il une personne — un professeur peut-être ou bien un proche — à qui vous aimeriez dire « Regarde, je ne m’en suis pas si mal sorti finalement ! » ? Si la réponse est oui, cela signifie que vous avez, vous aussi, probablement été victime du regard négatif que la culture française tend à porter sur l’échec. Et si nous épargnions cette triste vision aux nouvelles générations ?
Les conséquences de notre regard sur l’échec
Connaissez-vous l’expérience de la plante à qui l’on susurre des mots d’amour, tandis que celle d’à côté écope de critiques ? La première grandit, fleurit. La seconde dépérit, se fane. Que cette expérience soit véridique ou qu’elle soit plutôt de l’ordre de la légende (nous ne l’avons pas encore testée !), vous aurez sans doute compris le message qui se cache derrière : l’épanouissement dépend en partie de ce que nous recevons. Le principe n’est-il pas exactement le même pour un enfant, qui est telle une graine ne demandant qu’à éclore ?
Imaginons la vie d’Élodie et celle de Sacha. Ils ont tous les deux quinze ans et sont dans le même établissement scolaire. Élodie aime l’école malgré d’importantes difficultés en français. Elle sent qu’elle progresse et cela la remplit de fierté. « C’est l’essentiel », affirment son professeur et ses parents sur un ton encourageant. Sacha est quant à lui un excellent élève. Mais il a reçu, pour la première fois de l’année, une note en-dessous de la moyenne à son dernier contrôle de géographie. « Pour cette fois c’est plutôt loupé », lui a annoncé l’enseignante en lui rendant sa copie. Déjà, il angoisse. Il sait que ses parents vont être déçus. Il se sent nul et redoute plus que tout que ses camarades de classe le trouvent bête… Bien qu’Élodie et Sacha aient des capacités similaires, il est probable que la première gagne en confiance en elle au fil des années pendant que l’estime de soi du second restera au point mort, voire sera en chute libre.
Le jugement des autres entre énormément en jeu dans la construction de l’enfant. Il est alors de notre devoir, enseignants comme parents, de veiller à valoriser le vécu de nos plus petits, échecs y compris. Car contrairement aux idées reçues, il y a beaucoup de positif dans l’échec!
Les principales vertus de l’échec
Un levier d’apprentissage
La liste des synonymes du verbe « échouer » est longue : ne pas réussir, rater, manquer, se casser les dents, prendre une veste… On oublie toutefois qu’il est également synonyme de « réussite » ! L’échec permet en effet d’apprendre, de s’améliorer et donc d’atteindre ses objectifs. Il suffit d’observer nos propres expériences pour constater que l’un va très rarement sans l’autre. Mieux que ça, l’échec est une clé de la réussite ! En le considérant comme une étape incontournable vers le succès, nous transformons les revers en occasions de croissance. Chaque échec nous enseigne quelque chose d’important sur nous-mêmes, sur nos méthodes et sur notre résilience. Il nous pousse à repousser nos limites, à explorer de nouvelles voies et à persévérer malgré les obstacles.
En acceptant l’échec comme une partie intégrante du processus, nous développons une mentalité qui nous rend plus forts et plus résilients. Au lieu de nous décourager, les revers nous motivent à redoubler d’efforts, à être plus créatifs et à trouver des solutions innovantes. En fin de compte, c’est notre capacité à apprendre et à rebondir après l’échec qui nous permet de réaliser nos aspirations les plus ambitieuses !
« J’apprends tous les jours. Je considère que je suis toujours en construction et que cela sera éternellement le cas. Et c’est tant mieux ! » Carole Petel
Une autre idée reçue autour de l’apprentissage consiste à penser que le cerveau n’évolue plus à partir d’un certain âge. Or on peut continuer d’apprendre à tout âge, même à 99 ans. Ce qui facilite ou non l’apprentissage, ce n’est pas l’âge mais le contexte. En fonction de ce que l’on vit au cours d’une période donnée, nous allons être plus ou moins aptes à apprendre. Les périodes les moins propices engendreront probablement un plus grand nombre d’échecs. Tout le monde est capable, mais il y a des moments pour chacun. Autrement dit, chacun son rythme, que l’on ait cinq, trente ou soixante ans !
Une source d’opportunités
Savez-vous comment a été inventée la tarte Tatin ? À partir d’une erreur, celle de la sœur Tatin ! Voulant réaliser une tarte aux pommes, celle-ci aurait oublié de mettre la pâte et l’aurait ajoutée par-dessus les fruits pendant la cuisson. La cuisinière aurait ensuite eu l’idée de prendre un plat et de retourner le tout. Sans cette « erreur », nous n’aurions peut-être jamais eu la chance de savourer ce doux dessert !
Ce récit est la preuve que de belles choses peuvent naître de nos erreurs.
« Si je n’avais pas loupé le concours pour devenir enseignante à plusieurs reprises — avant de finalement l’obtenir en terminant 2e ! — je n’aurais pas fait des remplacements pendant tout ce temps. Et si je n’avais pas été remplaçante, je ne serais pas passée par toutes sortes d’écoles, tout type de niveau social, tout profil d’élèves. Si j’avais été titulaire tout de suite, je n’aurais rien vécu. Mon parcours diversifié est la source d’une incroyable richesse humaine ! » Roxane
Ainsi, l’expérience de Roxane, qui pourrait à première vue sembler négative, lui a permis de se démarquer. L’échec, c’est donc aussi l’occasion de sortir de sa zone de confort. Celui qui craint d’échouer n’osera pas. Il n’osera pas entreprendre, aller à la découverte du monde, des autres, de lui-même. Au contraire, un univers de possibilités s’ouvrira devant celui qui perçoit l’échec comme le début de quelque chose, de belles promesses.
Nos conseils pour commencer à changer votre vision de l’échec, afin de la transmettre aux autres dès le plus jeune âge
Lorsque l’on fait face à un événement que l’on considère comme un échec, le plus important est peut-être de prendre du recul. Demandez-vous, par exemple, si ce qui vient de se passer vous paraîtra aussi grave dans cinq ans. Bonne nouvelle : il y a des chances pour que la réponse soit non ! Cette question est tout à fait valable pour les enfants.
Toutefois, cette prise de recul n’est possible que si l’on est bien entouré. C’est là que les amis, la famille ainsi que les enseignants ont un grand rôle à jouer. Chacun doit être l’auteur de propos positifs et encourageants permettant de contrebalancer les pensées noires qui, trop souvent, accompagnent un échec. Questionnez-les sur votre échec. Comment le perçoivent-ils ? Leurs réponses risquent de vous surprendre !
Le moment est venu de changer nos états d’esprit pour reconsidérer les expériences que nous classons dans la catégorie des échecs, mais aussi pour cesser de dénigrer celles qui en sont. Il serait par exemple temps de valoriser les filières professionnelles au même niveau que la générale, plutôt que de continuer à en véhiculer une image au goût de défaite. Nous pourrions même, soyons fous, imaginer un monde dans lequel nous serions fiers de nos échecs ! Ce monde, c’est celui que nous tentons de diffuser grâce à notre atelier « L’échec, un tremplin vers le succès ! » destiné aux lycéens. Si celui-ci vous intéresse, n’hésitez pas à vous rapprocher de Carole Petel, consultante en pédagogie entrepreneuriale, ou de Roxane Devulder, enseignante. Promis, cet atelier sera une réussite ! 😉